Critique d’art du bouquet blanc (2011)

Annie de Boer

“A première vue, Annie de Boer parait pouvoir être classée dans la catégorie des peintres néo-impressionnistes dans la mesure où elle peint d’après nature des jardins, des fleurs, les reflets dans l’eau, thèmes qu’affectionnaient les impressionnistes et qu’elle revisite. Dans cet esprit, elle peint à l’huile et au couteau.

En réalité, au sein de ce courant auquel on peut la rattacher sans chercher plus loin, si on ne s’attache pas à décrypter la façon dont elle travaille, elle se distingue par une particularité. Certes, elle part du réel mais elle le transfigure très vite par des compositions personnelles avec un imaginaire aussi foisonnant que les bosquets de ses peintures.

Il faut contempler son bouquet de roses blanches qui s’épanouit sur une grande toile avec de multiples nuances de blanc, une délicatesse et un frémissement à fleur de rose ! Les fleurs vibrent et vivent sous notre regard. On songe à certains bouquets de Bernard Buffet qui n’avait pas son pareil pour, au delà de l’observation, nous emmener dans d’autres mondes.

Il en est de même avec Annie de Boer, d’ailleurs elle peint dans un état second, laissant surgir les images dans un processus de maturation. Des personnages parsèment son univers, il faut parfois les chercher, ils se cachent. Un glissement s’opère vers un onirisme naïf dans le sens premier du terme. Il ne s’agit pas d’une peinture naïve mais d’un rêve éveillé qui donne toute sa force et sa poésie à un voyage dans des contrées picturales bien au delà de la peinture figurative.

Annie de Boer s’épanouit dans des formats où sa nature généreuse et ses talents de coloriste trouvent leurs aises. Ses verts chauds ou froids cohabitent en toute harmonie au rythme lent de l’eau qui s’écoule comme la vie du peintre qui prend le temps de traduire les saisons et les lumières, à toute heure et en toute quiétude.

La peinture d’Annie de Boer est empreinte d’allées, de statues, de « folies », de charmilles et de recoins propices à abriter les secrets. L’effluve d’une rose blanche nous poursuit longtemps après que nos yeux aient quitté ce bouquet. Ah ces roses blanches ! Une véritable symphonie nuptiale qui résonne d’une douce musique. Originaire de Hollande, avec un grand-père peintre, Annie de Boer a de qui tenir !”

Brigitte Camus
Critique d’Art pour le Journal « le Monde »
Auteure de Buffet ou la psychanalyse en signature – Editions de l’Epure

JUILLET 2011

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